1. |
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Rond comme une lune fendue
Chef d'oeuvre resté méconnu
Grâce au voile de ta vertu
Ton cul
Comme un tableau qu'on a perdu
Toile de maître disparue
Dont la légende a survécu
Ton cul
Pour le cacher a-t-il fallu
Que tout ce temps tu n'aies pas eu
D'autres choix que t'assoir dessus ?
Ton cul
Tu me le danses toute nue
Dès le petit matin venu
Café bouillu, café foutu
Ton cul
Moi je n'en suis pas revenu
Crier au monde j'aurais voulu
L'amour que je lui dévolue
Ton cul
Finalement je me suis tût
Craignant, la nouvelle répandue
Qu'on le désire sans retenue
Ton cul
Au bas des dos que j'ai connu
Pas un seul autre n'aurait pu
Lui résister sans déconvenue
Ton cul
Il suffit d'une simple entrevue
De tes fesses sous le tissu
Pour que trébuchent les inconnus
Ton cul
En le promenant dans la rue
Ceux qui n'en ont qu'un aperçu
S'offrent des pensées défendues
Ton cul
Au temps la grâce est suspendue
Et les années bien entendu
Rendront ses formes plus dodues
Ton cul
Comme une vedette à ses débuts
Je me souviendrai tout ému
De sa carrière, de ce qu'il fut
Ton cul
Il vieillira comme un grand cru
Ton beau millésime joufflu
Robe de tanin en tutu
Ton cul
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2. |
Les belles personnes
02:13
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Rouleurs de mécaniques
De salades en histoires
Inventeurs de répliques
Bonimenteurs de foire
Ils cherchent leur public
Petits instants de gloire
Les beaux lanceurs de pics
Les vedettes d’un soir
Elles écoutent en silence
Quand ils en font des tonnes
Les belles personnes
Perdu dans la tempête
Des villes indifférentes
Plus un rêve à se mettre
Des cailloux sous la tente
Le froid qui se faufile
Par le trou de nos manches
A marcher sur un fil
On saute les dimanches
Elles chauffent tant l’hiver
Qu’on le prend pour l’automne
Les belles personnes
On a bien regardé
Tout autour de soi
Les autres sont rentrés
On n’entend plus les voix
La pointe de l’angine
La douleur d’être seul
La nuit qui se dessine
Menaçant de sa gueule
On ne les attendait plus
Et les voila qui sonnent
Les belles personnes
C’est pas dans leur nature
De partir aussi loin
Leur goût de l’aventure
N’a pas le pied marin
Mais tous les voyageurs
Seront les bienvenus
Il sera toujours l’heure
D’écouter l’inconnu
Leur surprise est sincère
Un rien les impressionne
Les belles personnes
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3. |
Le perdreau de l'année
03:57
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En regardant par la fenêtre
Ce matin, j’ai revu l’enfant
Trois ou quatre pommes peut être
Une moitié d’homme seulement
Comme un reflet dans une glace
Qui s’est décalé de trente ans
On se voit traîner les godasses
En col roulé par tous les temps
Quand j’étais le perdreau de l’année
Tombé de la dernière pluie
Le monde était plus grand
Plus beau, qu’aujourd’hui
Le corps encore sous garantie
Jamais roulé, jamais servi
Les rêves au chaud dans l’emballage
La mer au fond des coquillages
Petit débutant de la vie
Tu te coiffes avec un pétard
T’as peur des loups et de la nuit
Tu vérifies sous ton plumard
Parait qu’y a 10 000 kilomètres
De profondeur dans l’océan
Noël j’écris toujours ma lettre
J’trempe mon doigt dans l’verre de maman
Ma Sarbacane en bic cristal
Toute ma collection de marrons
Y sont dans une boite en métal
Enterrés derrière la maison
Cet enfant je l’ai laissé fuir
Me voila devenu pommier
Mes branches ont cessé de grandir
Des oiseaux se sont installés
Dans la buée du souvenir
Je voudrais tout recommencer
Compteur à zéro, repartir
Pouvoir tout refaire pousser
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4. |
L'être que je préfère
02:39
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Je connais tes coutures
Tous tes secrets de fille
Au fur et à mesure
Et de fil en aiguille
Tes seins qui me louchent
Et tes si doux baisers cafés du tout petit matin
Le goût sucré de ta bouche
Et tes cheveux mouillés qui dansent leur parfum
Tu es l’être que je préfère
Tu viens juste après moi
Je suis bien dans ta peau
C’est mon petit pays
Quatre points cardinaux
Où j’ai fait mon abri
Ni le gris du ciel
Pas plus que les factures qu’on pourra sûrement pas payer
Ne feront fuir le bonheur
Qu’on a construit chez nous
Que l’on s’est fait pousser
Tu es l’être que je préfère
Tu viens juste après moi
Du bruit dans la cuisine
Tu prépares la gamelle
Mon amour de sardine
Je promets la vaisselle
Je repasse derrière toi
Et c’est impressionnant ton si charmant bordel
Sûr que j’aurais plus vite fait
Pour pouvoir tout ranger de m’y prendre à la pelle
Tu es l’être que je préfère
Tu viens juste après moi
J’aime ta part d’oiseau
Tes allures va t’en guerre
Ton cœur dans un étau
Quand tu vois la misère
Quand tu siffles mes chansons
Ca libère au galop ma cavalerie pour toi
Dis moi quand je suis pas bon
Corrige ma dictée et montre moi du doigt
Tu es l’être que je préfère
Tu viens juste après moi
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5. |
Je connais une France
03:45
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Je connais une France qui descend sa chaise
sur le trottoir pour la veillée d'après dîner.
Je connais une France qui souffle dans ses mains
au petit matin des dimanches de marché.
Je connais une France où le lierre se cramponne aux vieux murs
et où les chats perchés regardent aboyer les chiens.
Je connais une France qui gobe
son morceau de pomme au couteau.
Je connais une France qui descend dans la rue
pour se dresser digne face aux urnes honteuses.
Je connais une France de bord de marne
qui swingue au vin blanc les dimanches de fête.
Je connais une France chaude
comme le corps d'une femme aimante.
Je connais une France qui sent le vieux bois
et la cire d'antiquaire saoulante comme de l'alcool.
Je connais une France dont le coeur fait boum
à la Tranche sur mer sous un ciel d’été 36.
Je connais une France qui me donne envie de vivre
et de jouer le jeu de l'animal social.
Je connais une France terre d'asile, melting pot
ruisselant de cultures qui se mélangent pour briller plus encore.
Je connais une France qui me flanque le frisson
quand elle fait naître l’émotion de l’art et de la création.
Je connais une France qui regarde mourir le clochard du quartier
et qui enjambe écoeurée ses pieds qui puent, ceux d'un homme.
Je connais une France qui n'ira jamais voter
le cul vautré dans la graisse se foutant des libertés entravées.
Je connais une France souillée de peste brune
qui fait des bruits de bottes et vocifère dans la tribune Boulogne.
Je connais une France dont l'air est vicié
même au plus haut de ses montagnes.
Je connais une France qui remplit de pleins caddies de bouffe
tous les samedis que Dieu fait et qui s'insulte dans les bouchons.
Je connais une France qui voit s'ouvrir sous elle de pleines crevasses
et qui batifole au dessus du néant.
Je connais une France où les jeunes flics de province
montent à la ville pour jouer enfin de la matraque.
Je connais une France où le politique sent le rance
ne représente plus rien, ni même plus personne.
Je connais une France qui transhume au mois d’août
planter du parasol, le chien dans la bagnole.
Je connais une France qui pointe aux assedic
dans la queue tête basse, les chômeurs longue durée.
Je connais une France qui se délocalise
laissant sur le pavé tout le nord du pays.
Je connais une France pour sortir de la crise
qui incite aux crédits ceux qui ne peuvent pas payer.
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6. |
Toi mon amour
03:45
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On verra pas ma gueule
Sur les colonnes Morris
Dans les journaux people
Sous les feux d’artifice
C’est pas mon gabarit
Je chante en plus petit
On lira pas mon nom
En gros sur les affiches
Moi je fume au balcon
En me caillant les miches
Je claque pas la bise
Dans les soirées show bizz
Mais toi mon amour
Mais toi mon amour
Mais toi mon amour
Tu siffles mes chansons
Et ça c’est pour toujours
Et ça c’est pour de bon
J’irai pas faire le beau
Me presser dans la foule
Pour faire mon numéro
Craignant que tout s’écroule
On raye pas le parquet
Avec des dents de laie
Elle est devenue maboule
Cette vieille otarie
A faire tourner la boule
Sur son nez chaque nuit
Elle a chopé des crampes
Sous les feux de la rampe
Le journal de la veille
C’est pas celui qu’on lit
Au fond de la corbeille
Reste le dernier fruit
C’est pas lui qu’on consomme
C’est tombé sur ma pomme
Je ne suis pas le vent
Je ne suis que la bise
Je souffle sur les gens
Et je fais ma valise
Je laisse un peu de moi
Et disparais déjà
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7. |
Crète provisoire
04:35
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Le soleil fait bouillir la mer pour y faire cuire l’été.
Sous la tonnelle fleurie de bougainvilliers, les êtres se laissent aller à la langueur et s’abandonnent aux parfums d’alentour.
La brise molle pousse un dernier râle puis s’éteint, faisant naître au passage quelques senteurs mêlées de sel et de menthe.
Le soleil s’est caché
Sous des draps orangés
Dans sa chambre à coucher
On dort sans oreiller.
S’endormir à la belle
Sous un plafond d’étoiles
Des bougies dans le ciel
Filantes comme des balles.
Juste avant le sommeil
Du sable dans les mains
On mettait en bouteille
Quelques alexandrins.
Un rêve pour chaque nuit
Naissait dans le ressac
Se couchait dans nos lits
Et fouillait dans nos sacs.
Nos fous rires de nigauds
Résonnaient de la veille
Y avait dans nos mégots
Un tabac sans pareil
Nos esprits funambules
Filaient vers l’horizon
Suspendus à la lune
Au dessus du bouillon
Dans nos poches trouées
Y avait rien qui tenait
On a jamais si bien
Jouit de ne rien posséder
On avait plus vingt ans
Mais on faisait comme si
On séchait dans le vent
Nos peaux comme un habit
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8. |
La dernière sentinelle
03:13
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Dans un avion qui ramenait d’Algérie
Où j’avais chanté pour deux ou trois Kopecks
Le cœur encore bruissant d’une trop courte nuit
Je regardais vers toi, mon bel amour, ma Mecque
Barcelone sous mes pieds, un royaume à ma botte
Gaudi est parti sans finir le boulot (salaud !)
Moi j’irai jusqu’au bout, appelle moi Don Quichotte
Tous les moulins du monde contre un grain de ta peau
J’ai relevé
La dernière sentinelle
Et c’est moi désormais
Qui veille
Tu peux dormir
tranquille
Chaque nuit
Je voulais te le dire, je recommence tout
J’ai mis deux coups de latte, un dans chaque rétro
Du carbure de l’asphalte, l’horizon devant nous
J’ai soif, je brûle, j’ai faim à bouffer les noyaux
Debout dans la carlingue, je te cherche aux hublots
Accélère Capitaine, moi je rejoins mon bercail
Ce n’est un pays, ce n’est pas un drapeau
C’est une femme et les anges en tourneraient canailles
On a passé des caps, cent fois le mur de son
Et bâti de nos mains un toit pour les nuits fraîches
Des amis sont venus faire danser la maison
Le temps peut bien passer et décocher ses flèches
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9. |
Saint-Ouen le 15 août
04:02
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Mon roman colle au bitume,
Au nez des fenêtres entrouvertes.
La ville a vidé sa baignoire,
Y a plus une seule goutte de gens.
L’été revient tremper sa plume,
A l’encrier des rues désertes.
L’air frais s’endort dans les couloirs,
Il poste des lettres aux absents.
Les trottoirs roulent en mini jupe,
On s’offre le chemin à pied.
Midi fouille le fond des placards
Et vous fait goûter sa salade.
C’est tout un arbre qu’ils occupent
Ces étourneaux venus chanter.
Il est septembre moins le quart
Pour les bateaux restés en rade.
Un vélo passe en robe vichy
Il laisse des envies de tandem
Je vois des poèmes en travaux
Accrochés aux plaques de tôle.
On arrose son appétit
Messieurs je vous remets la même
Allez chercher mon sombrero
Et dînons à l’heure espagnole
La lune fait sa jaune moutarde,
C’est qu’un orage lui monte au nez.
J’entends la pluie qui se maquille,
Le public attend la vedette.
Le ciel en colère se lézarde,
Les nuages sont déboutonnés.
Le linge resté sur son fil,
A le moral dans les chaussettes.
Y a de la poussière sur mon passeport
Je regarde passer les avions
Ils font des traits blancs dans le ciel.
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10. |
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En secouant le cocotier de la République
J’ai vu tomber à mes pieds la matraque d’un flic
Une famille de sans papier, un charter pour l’Afrique
Les portes défoncées d’un couloir en panique
En secouant le cocotier de la république
J’ai vu dégringoler ma conscience civique
Abattue en plein vol par un homme politique
Pour qui j’avais voté mais qui piquait mon fric
En secouant le cocotier de la république
Est monté dans le ciel, un nuage toxique
Echappé d’une usine de produits chimiques
Qui pour rester rentable n’est pas écologique
En secouant le cocotier de la république
J’ai pris en pleine gueule un hit radiophonique
Un qu’on nous passe en clip dans le tube cathodique
Et qu’on donne en modèle au plus large public
En secouant le cocotier de la république
J’ai vu voler au vent un foulard islamique
Jugé ostentatoire par l’école laïque
Et ses petites croix ? il faudra qu’on m’explique
En secouant le cocotier de la république
J’ai vu rouler à mes pieds notre bombe atomique
Celle qu’on vient faire péter loin dans le pacifique
Pour voir si elle tue bien, pour faire des statistiques
En secouant le cocotier de la république
J’ai vu que pour faire grimper les sondages on trafique
Le nombre de chômeurs qui pointent aux Assedic
Qu’on peut se faire radier pour raison médiatique
En secouant le cocotier de la république
J’ai vu tomber à mes pieds ces notes de musique
De quoi faire une chanson, engagée, politique
Construire d’autres destins que ceux qu’on nous fabrique
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11. |
Martine
03:56
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Nous étions nombreux derrière toi ce matin là
Y avait du vent froid dans les arbres, y avaient des chats
Et cette peur honteuse de mourir quand on enterre un autre
Une pointe au cœur qui veut sortir, à transpercer les côtes
On se salue sans insister, tout en retenue
La poignée de main est gantée, le baiser suspendu
Y ceux qu’on a pas vu depuis la trop vieille querelle
Et ceux restés à tes côtés, sur ton carrousel
Un enfant joue avec la feuille d’un vieux marronnier
C’est le seul à ne pas faire la gueule, tout endimanché
Toi tu pars pour l’allée Rachel dans ton grand cercueil
Sous la plaque de marbre qu’on scelle, tu dois déjà te sentir seule
Au fil du film, on meurt un jour, c’est dans le scénario
Ce n’est pas écrit quand ça va venir, trop tard ou trop tôt
Toi ton horloge est devenue dingue, ce n’était pas ton heure
Une bulle d’air dans la carlingue et plus de moteur
J’ai lu dans ton fils cet amour qui dormait chez vous
Celui qu’on sort pour les grands jours, juste au bord du trou
Un orphelin même si grand, c’est toujours un enfant
Qui se retrouve seul au monde, la peur au dedans
Martine je te laisse maintenant, ma vie m’attend dehors
J’ai quelques poèmes sur le feu et l’amour encore
On se revoit pour un gueuleton dans une poignée d’années
On débouchera quelques chansons, on chantera quelques cuvées
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THOMASI Paris, France
Critiques ou romantiques, les textes de THOMASI restent engagés. Sa voix chante la lumière de l’humain, et les humains de
l’ombre.
THOMASI a collaboré avec Stéphane Mellino des Négresses Vertes, Madjid Ziouane de Mon Côté Punk ou encore Brice Moscardini des Zoufris Maracas. Il a assuré la première partie de Jacques Higelin, François Morel, Grand Corps Malade, Claude Astier, Mon Côté Punk...
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