1. |
Papillon
04:27
|
|||
On met du temps à se comprendre
L’autre n’est pas celui qu’on croit
On s’invente des comptes à rendre
On en oublie aussi parfois
Faire confiance sans attendre
C'est toujours faire le meilleur choix
C’est cette idée qu’il faut défendre
Quand on aime un autre que soi
Avec la mer qu’on voit descendre
On laisse filer le mauvais sang
Quelque fois le cœur peut se fendre
Si on le garde trop longtemps
Puisque tout doit disparaître,
Avant la fin de la saison,
Puisque demain sonnera peut être,
Le glas, trompette en oraison,
Y a pas de bonheur à remettre,
Le jour qui suit n'est pas le bon,
Y a pas le temps pour se promettre
Dans nos courtes vies de papillon.
Plutôt que d’aller se faire pendre
Quand tout l’espoir s’est débiné
Y a toujours un vieux train à prendre
Un qu’on avait laissé filer
On en a du cœur à revendre
Quand on a l’âme cabossée
On se mêle sans plus attendre
A ceux qui peuvent la réchauffer
Et si nos voix se font entendre
C’est qu’on l’aura bien mérité
Nos regrets partiront en cendres
On pourra tout recommencer
|
||||
2. |
Clémentine
03:26
|
|||
Il y a bien longtemps de cela dans un petit café du côté d’Epinal,
La patronne derrière son comptoir avait pour ainsi dire une allure peu banale.
Elle avait le corps d’une femme,
Et un ruban dans les cheveux,
Mais portait une longue barbe, certains clients l’appelaient Monsieur.
Bientôt la rumeur circula jusque dans les villages situés aux alentours.
On ne venait plus pour le calva mais pour voir la dame et ses curieux atours.
Elle se laissait faire volontiers,
Dès qu’on voulait la lui tirer,
Mais tous les curieux constataient qu’elle était fort bien accrochée.
Un jour alors la brave femme eut une bonne idée pour mieux les satisfaire.
C’est ainsi qu’elle fit imprimer quelques cartes postales où elle posait très fière.
Elle était tantôt affublée,
D’une canne et d’un canotier,
Ou bien d’un habit militaire, et même d’une robe de mariée.
Clémentine la femme à barbe
Malgré ses poils sur le menton
Etait le plus douce des femmes
Qu’on ait connu dans la région
Mais quand elle fut devenue veuve et laissée sans un sou, seule dans la panade,
Afin de joindre les deux bouts, elle fut obligée d’intégrer la parade,
D’une foire où se bousculaient,
Des gens qui venaient regarder,
Défiler sur une roulotte, des êtres aux membres déformés.
Elle qui n’avait jamais connue le moindre quolibet au bon temps d’Epinal,
Voilà qu’on lui lançait maintenant de vilains noms d’oiseau à perdre le moral.
Le soir elle avait du chagrin,
Et elle voulait même en finir,
La nuit elle pleurait dans sa barbe implorant le ciel de mourir.
Mais si la nature lui avait fait ce curieux cadeau en la dotant de poils,
La femme à barbe avait en elle un don pour le bonheur digne d’une fable.
Alors qu’elle était décrépite,
Elle trouva l’amour insolite,
Dans les doux bras d’un de la troupe qui lui était, hermaphrodite.
|
||||
3. |
||||
4. |
La Friche de Saint-Ouen
03:23
|
|||
Dans un bar du côté de Saint Ouen
Y a un vieux chien dans un placard
Entre le viandox et le sopalin
Il habite derrière le comptoir
Il en voit défiler des hommes
Et les cafés du p'tit matin
Les morceaux d'sucre c'est pour sa pomme
Mais faut pas faire traîner sa main
Le patron lui, qui n'est pas chien
Dès qu'il a un p'tit coup dans le nez
Sort sa guitare pour les copains
Et tout le monde se met à chanter
Un dimanche près de la friche de Saint Ouen
On avait le coeur à continuer l'ivresse
Un sourire, un regard, il faut trois fois rien
Pour chasser de nos vies, la brume épaisse
Le maillot du FC Porto
Remplace la croix du bon dieu
Si le tout puissant était là haut
Figo jouerait encore chez eux
Dans les toilettes au fond d'la cour
Faut avoir l'coeur bien accroché
Un rouleau sans papier autour
Ca peut toujours vous dépanner
On baisse à moitié le rideau
Y a plus que les gens du quartier
Il fait si bon dans ce bistrot
Qu'on a oublié de rentrer
|
||||
5. |
||||
On faisait des poteaux de foot
Avec nos vestes de challenger
Sur les bords du canal de l’Ourcq
Battiston contre Schumacher
T’embrassais les morceaux de pain
Que les vieilles laissaient aux oiseaux
Ton dieu aimait avec le mien
Sauter pieds joints dans les flaques d’eau
Dans le bus qu’allait à la gare
C’était rare qu’on prenne un ticket
Mais on laissait les vieux s’asseoir
Car on avait appris le respect
Si ta mère égorgeait les poules
A moi elle m’a jamais rien fait
Même si elle me foutait les boules
Avec ses tatouages au henné
Omar Beckar
Qu’est ce que t’es devenu
Mon ami d’enfance
Ils t’appelaient pas encore racaille
Ils t’appelaient même pas rebeu
En ce temps là t’étais pour eux
Qu’un gamin parmi la marmaille
Couscous merguez dans ton garage
Pour ton frère aîné qui s’marie
Des youyous à tous les étages
De ta maison qui prend la pluie
On avait même le droit de roter
Quand on avait manger chez toi
Ca me faisait rire à en pleurer
Ensemble on disait « Hamdulla »
On pouvait se marrer de tout
Sauf de Fadila ta p’tite sœur
J’ai du la voir mis bout à bout
Dans toute ma vie juste un quart d’heure
Si tu m’racontais des histoires
Tu me disais houla j’te jure
Moi j’savais si je devais te croire
Rien qu’à ton air sur la figure
|
||||
6. |
Chanson pour ton cul
03:43
|
|||
Rond comme une lune fendue
Chef d'oeuvre resté méconnu
Grâce au voile de ta vertu
Ton cul
Comme un tableau qu'on a perdu
Toile de maître disparue
Dont la légende a survécu
Ton cul
Pour le cacher a-t-il fallu
Que tout ce temps tu n'aies pas eu
D'autres choix que t'assoir dessus ?
Ton cul
Tu me le danses toute nue
Dès le petit matin venu
Café bouillu, café foutu
Ton cul
Moi je n'en suis pas revenu
Crier au monde j'aurais voulu
L'amour que je lui dévolue
Ton cul
Finalement je me suis tût
Craignant, la nouvelle répandue
Qu'on le désire sans retenue
Ton cul
Au bas des dos que j'ai connu
Pas un seul autre n'aurait pu
Lui résister sans déconvenue
Ton cul
Il suffit d'une simple entrevue
De tes fesses sous le tissu
Pour que trébuchent les inconnus
Ton cul
En le promenant dans la rue
Ceux qui n'en ont qu'un aperçu
S'offrent des pensées défendues
Ton cul
Au temps la grâce est suspendue
Et les années bien entendu
Rendront ses formes plus dodues
Ton cul
Comme une vedette à ses débuts
Je me souviendrai tout ému
De sa carrière, de ce qu'il fut
Ton cul
Il vieillira comme un grand cru
Ton beau millésime joufflu
Robe de tanin en tutu
Ton cul
|
||||
7. |
Dora Maar
03:04
|
|||
J’ai cru voir Dora Maar
Un soir aux Deux Magots
Entre Paul Eluard
Et Pablo Picasso
J’ai croisé son regard
Dans un verre de Cointreau
Gravés dans ma mémoire
Ses yeux clairs comme l’eau
J’aurais voulu m’assoir
Lui dire comme c’est beau
De la regarder croire
Que vivre est un tableau
Son amour illusoire
Qui lui ronge les os
Est le seul à pouvoir
Aussi lui tenir chaud
Mais je reste au comptoir
Je ne trouve pas les mots
Mes pensées dérisoires
S’écroulent en morceaux
Dehors sur les trottoirs
Paris chante Greco
Saint-Germain rentre tard
Par le premier métro
Dans un claque, je m’égare
Une fille a le sang chaud
Elle m’entraîne au hasard
Tout au fond du tripot
Son maquereau en costard
Cire ses pompes en croco
Et me lance un regard
Comme on lance un couteau
Elle danse dans le miroir
D’une chambre rococo
Détachant ses bas noirs
Qui dévalent aussitôt
Tout nu sur le boudoir
J’ai Dora dans la peau
Rien n’y pourra ce soir
Rien pas même une pro
Je sors sur le boulevard
J’ai froid dans mon manteau
Je marche dans les phares
Aveuglant des autos
Be bop à l’Alcazar
Dans les caves il fait chaud
La musique et l’espoir
C’est tout ce qu’il me faut
Puis j’entends quelque part
Monter comme un écho
Un accordéon qui part
En solo
|
||||
8. |
Gaspard
02:38
|
|||
la cinquantaine impeccable
et la mèche bien plaquée
gaspard le liftier
se met minable
au comptoir d'un café
où il a une ardoise
chaque soir avant d'rentrer
dans l'val d'oise
faut dire qu'depuis 20 ans
y monte et y descend
enfermé dans la cage
d'un ascenseur
y dit qui voit des gens
des connus même souvent
qu'au moins y a du passage
dans son malheur
comme tout le monde
dans la vie de gaspard
y a des hauts et y a des bas
mais l'truc immonde
dans la vie de gaspard
c'est qu'c'est toujours au même endroit
mais dans le grand hôtel
où gaspard est liftier
y a aussi m'zelle christelle
et depuis des années
gaspard est amoureux
mais n'a jamais rien dit
il la r'garde entre deux
portes qui s'ferment sur lui
p'tre qu'un jour il osera
lui déclarer sa flamme
même qu'elle acceptera
d'être sa femme
en attendant c'jour là
y noie son vague à l'âme
dans des verres de muscat
trempés de larmes.
|
||||
9. |
||||
C’était il y a bien longtemps
Bien avant que tu viennes au monde
Un soir que je pensais à toi
Assis au milieu de ma vie
Dans mon époque décadente
J’avais la pensée vagabonde
Et mon humeur mélancolique
Me rapprochait de ton absence
Je tétais comme un nouveau né
Au goulot de ma solitude
Dans la pensée qu’après ma mort
Mon nom ne serait plus porté
Mon impatience de te connaître
Avait franchi sans un effort
Les barrières en forme de siècles
Qui séparent nos existences
Toi l’enfant, de l’enfant, de l’enfant de mon enfant
Je ne suis qu’un maillon de ta chaîne
Un filament de tes racines
Je suis un fantôme gentil
Il y a des siècles quelqu’un t’aimait déjà
Je ne saurai jamais ta beauté
Ni toi le goût de mes errances
Pourtant j’aimais m’abandonner
A l’étrangeté de t’aimer
Sans qu’on ne se soit jamais vu
Je me sentais proche de toi
Comme une intuition dans mon ventre
Qu’un jour tu deviendrais chair
De la goutte de sang qui perle
Au bout de mon doigt que je perce
Je crois voir un peu de ton être
Un peu de moi qui te parvient
Je ne sais comment t’appeler
Toi qui frappe dans mes entrailles
Mais c’est chaud de penser à toi
Assis au milieu de ma vie.
|
||||
10. |
Cet homme à sa fenêtre
04:38
|
|||
A quoi peut bien penser cet homme à sa fenêtre,
Le pied sur le rebord, la main sous le menton ?
Il regarde les gens passer puis disparaître
A l'angle de la rue où tous deux nous vivons.
C'est le petit matin et tous les parc-mètres
Se remplissent de thunes comme des urnes sans fond.
Les gamins de l'école, y a pas des kilomètres
Pour qu'ils sèchent la classe et tournent les talons.
A quoi peut bien penser cet homme à sa fenêtre ?
On dirait qu'il ne veut plus quitter sa maison.
Qu'il regarde la vie filer sans se promettre
Plus aucun nouveau rêve, ni nouvelle passion.
Peut être est-il seulement désireux de se mettre
Le peau sous le soleil, café clope au balcon.
Ou bien contemple t-il l’adorable toilette,
Que se fait la voisine dans son champs de vision.
En regardant planté cet homme à sa fenêtre
Je me demande alors quelle serait l’impression,
A ce moment précis d’un voisin si peut être
Il me voyait aussi mater aux environs.
Il imaginerait de quoi ma vie est faîte
Tirant comme j'ai fait, d’hâtives conclusions,
Ne pouvant se douter que moi j’ai dans la tête
Pour unique pensée d’en faire une chanson.
|
||||
11. |
Le chien
13:04
|
|||
Depuis que je suis devenu chien
A force de ne plus, pouvoir sentir les hommes
J’ai de l’amour pour mon prochain
Je me sens plus humain, plus humain en somme
Tout avait si bien commencé
Petit français moyen, propre et bien dressé
On me disait civilisé
Mais dans la suffisance, je m’étais installé
La nuit de ma transformation
Alors que je n’avais, plus d’espoir en ma race
J’ai dit ce soir est le bon
Changeons enfin de corps, changeons de carapace
Depuis que je suis devenu chien
Je vis la vie dont j’ai rêvé
Depuis que je ne suis plus humain
J’ai retrouvé mon humanité
Le premier jour de ma vie de chien
Grâce à mon nouveau point de vue
L’humilité m’est revenu soudain
De moi, je n’étais plus imbu
Et quand mon ventre gargouille de faim
Quand j’ai les crocs de viande crue
Je fais le siège à la boucherie du coin
Avec un air de chien battu
A force de vivre ma nouvelle vie de chien
J’ai vu combien j’étais heureux
Quand je trimballe mes puces sur les chemins
Je me sens libre, même si ça me, gratte un peu.
|
THOMASI Paris, France
Critiques ou romantiques, les textes de THOMASI restent engagés. Sa voix chante la lumière de l’humain, et les humains de
l’ombre.
THOMASI a collaboré avec Stéphane Mellino des Négresses Vertes, Madjid Ziouane de Mon Côté Punk ou encore Brice Moscardini des Zoufris Maracas. Il a assuré la première partie de Jacques Higelin, François Morel, Grand Corps Malade, Claude Astier, Mon Côté Punk...
... more
Streaming and Download help
If you like THOMASI, you may also like:
Bandcamp Daily your guide to the world of Bandcamp